Allégorie des idéologies de masse, le rhinocéros, cruel et dévastateur, ne se
déplace qu'en groupe et gagne du terrain à une vitesse vertigineuse. Seul et
sans trop savoir pourquoi, Bérenger résiste à la mutation. Il résiste pour notre
plus grande délectation, car sa lutte désespérée donne lieu à des caricatures
savoureuses, à des variations de tons et de genres audacieuses et anti-
conformistes. La sclérose intellectuelle, l'incommunicabilité et la perversion
du langage engendrent des situations tellement tragiques qu'elles en
deviennent comiques, tellement grotesques qu'elles ne peuvent
être que dramatiques.
AVIS
"Moi, je n'ai pas d'ambition. Je me contente de ce que je suis."
Depuis que j'avais lu un extrait de Les Chaises au lycée, j'avais eu très envie de découvrir les œuvres de Ionesco. Et ayant lu la chronique de Ma toute petit culture sur Rhinocéros, il ne m'en a pas fallu davantage pour également lire cette pièce. Et je dois dire que je ne m'attendais pas réellement à ça, à ce sujet sous-entendu dans toute cette absurdité.
Jean et Bérenger se retrouvent au café un midi. L'un est méticuleux, ambitieux et sérieux, alors que l'autre se noie dans l'alcool face à une vie qui le dépasse. Alors que Jean essaie d'une manière violente de le réveiller un peu face à la vie qui l'entoure, les deux camarades et les autres personnages aperçoivent soudainement un rhinocéros. Puis un deuxième. Une sorte de panique naît alors à l'intérieur de chaque personnage, sauf chez Bérenger. Il est le seul à ne pas s'exclamer, à ne pas s'étonner de ce cas particulier. Vient alors le moment où celui-ci arrive au travail au milieu d'une discussion sur cette fameuse histoire, où chacun a son propre avis qui va finalement s'harmoniser au vu de la transformation de l'un de leur collègue. C'est alors qu'une épidémie s'égrène petit à petit dans la ville. Mais quel genre d'épidémie ?
À travers cette transformation en rhinocéros, Ionesco expose les dangers de l'idéologie et des actions du totalitarisme à l'aube de la Seconde Guerre mondiale. Il est vrai qu'au départ, ne m'étant pas réellement renseignée sur la pièce, je ne connaissais pas le cœur de l'ouvrage et donc n'avait pas compris que le dramaturge dénonçait la montée du totalitarisme. Néanmoins, on arrive peu à peu à le comprendre lors par exemple de la transformation de Jean ou de la longue conversation entre Bérenger et l'un de ses collègues au dernier acte. Ce qui est surprenant, c'est de découvrir quel personnage ne sera finalement pas "corrompu" à la fin de la pièce par ces idées qui peuvent au départ facilement séduire.
Cette pièce se laisse gagner évidemment par beaucoup d'absurde, principalement par l'intermédiaire des transformations en rhinocéros et par la précision descriptive de ces transformations. Malgré le premier dialogue du dernier acte que j'ai trouvé trop long, j'ai réussi à apprécier cette pièce par le ton qu'elle prend mélangée avec une dénonciation d'idées et de faits beaucoup plus catastrophiques sur le peuple français et étranger. En tout cas, je garde l'envie de découvrir davantage la bibliographie de Ionesco, avec la prochaine fois Les Chaises.
"Peut-on savoir où s'arrête le normal, où commence l'anormal ? Vous
pouvez définir ces notions, vous, normalité, anormalité ? Philosophiquement
et médicalement, personne n'a pu résoudre le problème."
CONCLUSION
Une pièce intelligente entre comédie par le style et
tragédie par le sujet. La montée du totalitarisme sur la
population française au XXème siècle est très bien
énoncée par ces transformations fantastiques. Cette
pièce permet également de réfléchir sur
l'endoctrinement de masse ou individuelle.
Lu lorsque j'étais en cinquième, je crois... Ça commence à remonter un peu ^^
RépondreSupprimerAyant le livre dans ma biblio, je pense le relire un jour.
Je suis pas sûre qu'en cinquième, j'aurais compris quoi que ce soit à cette pièce ^^ Tu vas sûrement la redécouvrir d'une façon différente à ta deuxième lecture :)
SupprimerEh bien, tu me rends encore plus curieuse de la relire :)
SupprimerCette pièce a l'air vraiment intéressante. Ce sera une de mes prochaines lectures, grâce à toi !
RépondreSupprimerJe suis contente de t'avoir donnée envie, j'espère qu'elle te plaira :D
SupprimerJe l'ai lue pendant les grandes vacances, et comme toi je ne savais pas quelle était la visée de l'auteur... Cependant, j'avais beaucoup aimé, et le relire en sachant que Ionesco dénonce les totalitarismes doit être intéressant !
RépondreSupprimerOui, lorsque tu sais dès le début ce que dénonce l'auteur, ça doit être plus facile à lire et beaucoup plus agréable.
SupprimerUne pièce que je n'ai pas encore lue... Il faudrait y remédier !
RépondreSupprimerIl n’est jamais trop tard ! ;)
SupprimerCe n'est pas trop mon genre de lecture mais pourquoi pas :)
RépondreSupprimere théâtre ne plait pas forcément à tous le monde mais c'est plutôt bien "scénarisé". Pas mal de didascalies, de détails sur le décor, les actions des personnages , ce qui peut paraître plus intéressant à la lecture. Tu peux vraiment t'imaginer les différentes scènes.
SupprimerJe l'ai lu au lycée et j'en garde un souvenir fort. Je suis contente d'avoir pu l'étudier car c'est vrai qu'il y a beaucoup à dire sur cette pièce !
RépondreSupprimerJ'aurais bien aimé l'étudier en cours, ça aurait été très intéressant de comprendre toutes les subtilités :)
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