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lundi 18 septembre 2017

Mégavore, Brice Milan
Un jeune homme ordinaire Tom, se balade dans une cité futuriste . Plus il s'enfonce dans
 le cœur de la mégapole, plus il a l'impression d'être épié, suivi. Peu à peu, il a la sensation
 que la ville se referme sur lui, cherche à l'ingérer. Est-ce sa raison qui défaille ? Récemment,
 il a fait une dépression après la perte de son amie, Amy, qui a été retrouvée morte au pied de
 la plus haute tour de la mégapole. Attiré irrésistiblement vers le lieu de la tragédie, Tom espère
comprendre pourquoi la femme qu'il aimait s'est suicidée.
 
 
 
AVIS
 
 
Ayant déjà eu l'opportunité de lire La Belle Assise de Brice Milan, je n'ai pas hésité lorsque celui-ci m'a proposé, et je l'en remercie, de découvrir cette nouvelle de science-fiction, Mégavore. Cette nouvelle de quelques pages transporte le lecteur dans un monde futuriste où la technologie a pris réellement le pas sur la société. Alors que les robots sont acceptés dans le quotidien, Tom lui, va chercher à comprendre ce qui a déclenché l'insurmontable, l'impossible dans sa vie. Depuis la perte d'Amy, il ne sait comment avancer sans elle dans cette ville qui semble l'emprisonner, le retenir. Il ne comprend pas le geste de détresse de la femme qu'il aimait, les raisons pour lesquelles Amy a sauté de la plus haute tour de la ville. N'ayant jamais osé se rendre sur les lieux de l'incident, Tom décide finalement de venir au pied de cette tour et projette de comprendre l'inimaginable. Il va alors y faire une rencontre inattendue qui va l'aider malgré elle à trouver les réponses à ses questions. 
 
Il faut savoir que je suis férue de récits fantastiques ou fantasy, beaucoup moins de science-fiction. En tout cas, j'essaye toujours de privilégier certains thèmes ou au contraire d'en fuir le plus possible, notamment les robots. Je ne suis absolument pas cliente des histoires sur les nouvelles technologies ou de robots/cyborgs qui se retournent contre son Créateur, l'être humain. Mais j'ai été réellement surprise d'entrer aussi facilement et sans complications dans cette cité du futur. Une sensation de grandeur et d'immensité qui tout à la fois nous enveloppe ou nous comprime se ressent sensiblement. Il est dur de parler d'une nouvelle s'en trop en dévoiler mais je dois dire que l'écriture de l'auteur m'a davantage convaincue ici que dans La Belle Assise. J'ai trouvé que les descriptions amenées s'accordaient davantage à la science-fiction où il est toujours préférable d'apporter divers approfondissements et esquisses afin de s'immerger complètement dans l'univers proposé. Je suis alors contente d'avoir pu découvrir Brice Milan dans un tout autre genre et je vous invite si ce n'est pas déjà fait, à s'épancher sur sa bibliographie dont vous pouvez retrouver quelques récits sur son compte Wattpad. 




Et ce n’est pas fini ! Le concours de la nouvelle en ligne de Nolim parrainé par Franck Thilliez, auteur français reconnu pour ses nombreux thrillers, a retenu la nouvelle Frappe au coeur ! de Brice Milan. Jusqu'au 27 septembre, vous pouvez découvrir ce huit-clos oppressant et voter pour lui en cliquant ici. N'hésitez pas à lire cette courte nouvelle qui le mérite ! 



« le voyage risque de n'être qu'un aller simple. Mais qu'est-ce que j'en ai à foutre, finalement ?
 Je suis venu pour honorer la mémoire d'une morte, moi-même à la croisée des mondes. »
 
 
 
AUTRE AVIS SUR CET AUTEUR
http://entournantlespages.blogspot.fr/2017/06/la-belle-assise-brice-milan-jean-yves.html

vendredi 15 septembre 2017

L'Ombre du papillon, Marilyse Trecourt
Avez-vous déjà eu envie de remonter le temps pour réparer vos erreurs, effacer la parole
 malencontreuse que vous n’auriez pas dû prononcer, oser aborder cet inconnu que vous ne
 reverrez plus, reposer ce verre qui vous a fait perdre le contrôle de votre voiture, accorder plus
 d’attention aux êtres que vous aimiez avant qu’ils ne disparaissent ? C’est malheureusement
 impossible. Pas dans la réalité telle que nous la connaissons. Mais n’existe-t-il pas une
 dimension parallèle à la nôtre dans laquelle d’autres choix sont possibles ? Thomas a eu
 cette opportunité. De l’autre côté du ciel, sa grand-mère lui a accordé vingt ans pour
 revivre le cours de son existence. Aura-t-il le courage de bouleverser le cours de sa
 vie ? Oubliera-t-il son passé, sa femme et ses enfants ? Saura-t-il éviter le chaos provoqué
 par le battement d’ailes du papillon ? Parviendra-t-il à déjouer le drame qui a causé sa perte ?
 Cette histoire vous invite dans un voyage dans le temps, dans une existence trépidante, faisant
 rimer bonheur et douleur, victoires et désespoir. Elle nous amène à comprendre que si nous
 ne pouvons remonter le le temps, nous pouvons néanmoins être l’acteur de notre vie, et non 
plus un simple figurant.
 
 
 
AVIS


Thomas a beau avoir une femme et deux enfants qu'il aime et un emploi stable, lorsqu'il lui ait donné la possibilité de recommencer sa vie, il n'hésite pas longtemps. Alors qu'il retourne dans la crique où se situe la maison de ses défunts grands-parents, il va mystérieusement perdre la vie. Alors, tel que dans un rêve, il va lui être possible de revoir sa grand-mère Héloïse au sein de sa maison. Elle va lui proposer de revenir à ses dix-huit ans et de changer ou non ses actions afin de modifier son avenir. Quand Thomas regarde en face son existence, il comprend qu'il n'est pas complètement heureux, que sa relation avec sa femme est devenue assez superficielle. Alors il accepte la suggestion d'Héloïse et le revoilà donc à dix-huit ans en 1995, chez ses parents avec ses deux sœurs. Thomas va devoir réussir à appréhender cette époque révolue pour lui, cette dernière ne connaissant pas encore les technologies et les avancées scientifiques d'aujourd'hui. Il doit faire alors attention à ne pas dévoiler des informations du futur, de peur qu'on le prenne pour un fou. 

Thomas va avoir vingt ans pour décider de ses choix de carrière, sentimentaux, amicaux. Car lorsqu'il arrivera dans cette seconde vie à l'âge de trente-huit ans en 2015, il lui faudra faire un choix : garder cette seconde existence ou l'effacer pour revenir à la première. Il est intéressant de suivre ce personnage doté d'une expérience de la vie dans un corps de jeune adulte. Il remarque qu'il est plus réfléchi et que surtout il ose davantage affirmer ses choix, notamment face à son père. Il se dirige alors vers le journalisme et la photographie, ce qui l'amène après le bac à partir de Toulon pour Paris avec sa meilleure amie Mylène. Il œuvre à s'épanouir dans cette deuxième jeunesse loin de ses parents pour le brider. Mais déjà avec son départ pour Paris, Thomas va comprendre une chose fondamentale qui va régir sa deuxième vie : l'effet papillon. Un seul changement peut avoir de fortes conséquences sur lui-même mais aussi sur ses proches. 

Thomas va alors entreprendre un long périple où il va tenter de faire les meilleurs choix pour lui. Il influence donc ses choix personnels en fonction de ce qu'il a déjà vécu et de ce qu'il connaît des événements à venir, mais influence également la vie de ses proches, ce qui est d'autant plus intéressant à suivre. La notion du destin est très bien employée dans certains cas, nous présentant la fatalité de certaines choses. Thomas ne cesse donc de se surprendre face aux différences entre ses deux existences. J'ai apprécié que l'auteure prenne le temps de s'intéresser avec maintes passages à la vie de la mère de Thomas, de sa soeur Bénédicte, mais également à celle de Mylène et de Gaël, ses meilleures amis. Il n'est pas difficile de s'attacher à tous ces personnages dont on découvre les épreuves, les hauts et les bas, et leurs manières de surmonter le malheur et parfois l'impossible. Même si je n'étais pas complètement convaincue par le début de cette histoire, je n'ai pu qu'être rassurée par la suite profondément émouvante et humaine.  

Certains protagonistes se révèlent plus forts qu'ils ne le laissaient paraître de prime abord et avec cette vie parallèle, il est drôle de voir qu'il n'y a pas que Thomas qui arrive à s'améliorer et à s'épanouir pleinement. En dehors de nombreuses nouvelles expériences, cette seconde vie va être également l'occasion pour Thomas d'en découvrir davantage sur lui même et sur ses origines. Une véritable quête vers la vérité va être entrepris, semée certes d'embûches mais qui ne va que renforcer l'acharnement de cet homme à arriver jusqu'au bout. Le lecteur aura parfois envie de le secouer, de le ménager, de l'encourager, de le féliciter,etc... Thomas se révèle être un personnage principal très intéressant à découvrir à travers ses nombreuses facettes. Et après ces vingt ans que nous découvrons de manière morcelée, que va-t-il décider ? Restera-t-il dans cette seconde vie ou choisira-t-il de revenir vers sa "première" famille ? Je remercie donc Librinova et la plateforme NettGalley pour m'avoir permis découvrir ce roman fort émouvant et inspirant.



CONCLUSION
Un roman profondément émouvant par les épreuves que
doivent surmonter les personnages, ces derniers se révélant
forts face à la vie. Thomas va-t-il réussir à davantage
s'épanouir dans cette seconde existence ? En tout cas, il est
 très intéressant de découvrir ses nouveaux choix de vie.

mercredi 13 septembre 2017

Sans issue : Les Ombres tome 3, Svetlana Kirilina
Si on avait demandé à Dimitri ce l’avait mis dans cet état, il aurait sûrement accusé les photos.
Les photos et ce « truc » qui n’allait pas dessus. Ce truc qui semblait clocher. Ce truc
 qu’il n’arrivait même pas à nommer.
Pas grand-chose, vraiment.
Juste un truc.
 
 
 
AVIS 
 
 
Après une pause de quelques mois avec Sans issue, je reviens vous parler aujourd'hui du troisième épisode de cette saga, Les Ombres, tout aussi court que les précédents mais également tout aussi intéressant. Comme toujours, cet épisode est totalement indépendant des deux premiers et de ceux qui suivront et malgré tout, il n'est jamais difficile de se plonger dans cette nouvelle histoire dont on ne connaît rien. Au contraire, Svetlana Kirilina arrive dès le début à dompter notre intérêt et à nous distiller à sa guise des informations sur l'univers et les personnages afin que le lecteur soit toujours envieux de connaitre la suite. L'auteure s'emploie souvent à créer dès le début de son histoire une atmosphère particulière, qui m'a personnellement accroché au premier "coup d'oeil".

Après une séance au cinéma, Dimitri se retrouve coincé au côté d'Anna dans un café, se réfugiant de la tempête. C'est alors que cette rencontre entre ces deux personnages qui aurait pu se révéler éphémère se prolonge finalement dans le temps autour d'un intérêt commun : le mystère autour de photos particulières. Il ne sait pourquoi mais Dimitri ne peut s'empêcher de regarder ces photos, de leur trouver une aura singulière. Pour lui, quelque chose a disparu à l'intérieur de ces photos, et avec l'aide d'Anna, il va persévérer dans sa recherche de la vérité. Dans cet après futuriste qui est souvent lié aux nouvelles technologies et surtout à la mémoire, Dimitri et Anna vont devoir faire face aux révélations parfois difficiles à comprendre, parfois durs à accepter.  

J'ai encore davantage apprécié cet épisode grâce vraiment à cette atmosphère pesante dû cette tempête continuelle qui ne fait que se rapprocher plus rapidement les deux protagonistes. Leurs recherches sont intéressantes même si j'ai trouvé que cette fois-ci, c'était vraiment trop court ! Je suis toujours convaincue par le style d'écriture et par les récits que nous propose Svetlana Kirilina que je remercie pour m'avoir permis de découvrir ce troisième épisode.


« Elle ravala ses larmes et lui prit le visage entre les mains. Elle voulait croiser son regard encore
 une fois, elle voulait sentir leurs cœurs battre à l’unisson. Elle ne voulait pas que ça s’arrête.
 Mais elle ne pouvait pas le retenir de force. »



CONCLUSION
Un nouvel épisode très réussi par l'atmosphère qu'il propose
 plus subtil que le premier pour ce qui est des actions du
 gouvernement sur cette société future.



AUTRES AVIS SUR CETTE SAGA
http://entournantlespages.blogspot.fr/2017/05/sans-issue-le-silence-tome-1-svetlana.html   http://entournantlespages.blogspot.fr/2017/05/sans-issue-le-lac-tome-2-svetlana.html

AUTRES AVIS SUR CETTE AUTEURE
http://entournantlespages.blogspot.fr/2017/05/les-pates-froides-svetlana-kirilina-des.html   http://entournantlespages.blogspot.fr/2016/02/la-septieme-face-et-la-grande-coasseuse.html

mercredi 21 juin 2017

La Faucheuse tome 1, Neal Shusterman
LES COMMANDEMENTS DU FAUCHEUR :
TU TUERAS.
TU TUERAS SANS AUCUN PARTI PRIS, SANS SECTARISME ET SANS
 PRÉMÉDITATION.
TU ACCORDERAS UNE ANNÉE D'IMMUNITÉ À LA FAMILLE DE CEUX
 QUI ONT ACCEPTÉ TA VENUE.
TU TUERAS LA FAMILLE DE CEUX QUI T'ONT RÉSISTÉ.



AVIS


« La fin de la vie humaine était autrefois entre les mains de la Nature. Mais nous
 lui avons volé cette prérogative. Désormais, nous avons le monopole de la vie
 et de la mort. Nous sommes son seul distributeur. » 


Après le nombre d'avis, en majorité très positifs, sur ce premier tome, j'ai décidé finalement de le découvrir par moi-même. Je ne suis généralement pas très friande de la Collection R n'ayant lu que très peu de livres de cette collection et n'étant pas souvent très intéressée par ce qu'elle propose. Malgré cela, je me suis plongée dans le premier tome de La Faucheuse sans aucune réserve ou appréhension et j'ai pu alors découvrir un univers très bien détaillé et des personnages qui tiennent la route. Citra Terranova et Rowan Damisch vivent après l'Âge de la Mortalité, qui définit la société contemporaine avant 2042. Depuis que la science a découvert le secret de l'immortalité, la paix règne sur les différents continents, étant régis maintenant par le Thunderhead, une intelligence artificielle omnisciente qui gère tout ce qui est en lien avec la vie des nombreux habitants sur toute la planète. Néanmoins, il y a bien une chose que le Thunderhead ne s'occupe pas et qui est de taille : la mort. 

Alors que tout le monde peut vivre indéfiniment tout en ayant la possibilité de se se régénérer à l'âge que l'on désire, le problème de la surpopulation se pose de plus en plus. Néanmoins, dès le début de cette nouvelle ère, la Communauté s'est formée et a crée les faucheurs. Répondant à dix commandements et n'étant pas souscrits aux autres lois de la société humaine, le faucheur devra glaner un quota de personnes tous les trimestres sans parti pris et sans préméditation. Pour ceux qui acceptent leur sacrifice sera offert un an d'immunité à leur famille. Pour ceux qui, au contraire, résistent amèneront la mort sur la leur. Après leur rencontre avec le faucheur Maitre Faraday, Citra et Rowan vont devenir ses apprentis. Ils auront un an pour apprendre les règles des faucheurs et les différentes manières de glaner un être humain ou de se défendre contre ceux qui résistent. Les deux adolescents sont au départ réticents à sceller leur destin dans les mains de Maitre Faraday et à signer la fin de leur vie humaine auprès de leur famille. Mais au côté du faucheur, ils vont apprendre à se servir de leur force et de leur compassion afin de devenir le meilleur faucheur possible. Et Citra et Rowan doivent donner le meilleur d’eux-mêmes. Car à la fin, un seul pourra prétendre au statut de faucheur. 


« Hier vous étiez des dieux. Aujourd'hui vous êtes mortels. La mort est un
 cadeau que je vous fais. Acceptez-la avec grâce et humilité. » 


La compétition se fait alors rude, surtout face à certaines complications importantes au milieu du chemin. Au côté également de la reconnue Dame Curie, "la Marquise de la Mort", et de Maitre Goddard très controversé dans la Communauté des Faucheurs par sa vision implacable de son statut, les deux adolescents vont devoir montrer leurs facultés au détriment de l'autre tout en essayant de survivre jusqu'à l’ultimatum final. Ce qui est intéressant de constater est que Citra et Rowan, tout comme la plupart des apprentis avant eux, ne désirent aucunement être un faucheur. Les meurtres et autres violences physiques ayant dorénavant disparus au sein de cette société, les faucheurs sont presque les seuls à pouvoir apporter la mort. Cela les rend donc effrayants, les êtres humains cherchant soit à les fuir, soit à rechercher leurs bonnes grâces contre une année d'immunité. Les deux adolescents, qui sont loin d'avoir leur langue dans leurs poches, sont intrépides, rusés mais font également preuve d'une grande compassion, et pour cela, Maitre Faraday les considère comme les apprentis parfaits. Seulement, toute cette année d'apprentissage, mêlée à des confrontations complexes et à des jugements arbitraires, vont peu à peu les transformer, ne ressortant pas toujours forcément ce qu'il y a de meilleur en eux. Alors que Citra semble toujours rester dans le droit chemin, j'ai apprécier découvrir davantage Rowan face à ce qu'il doit endurer. La manière dont il réagit aux événements le rend plus ambigu, double, et plus intéressant selon moi. Et même si on se doute de leur détermination face à l'ultimatum qui leur ont été donné, c'est intrigant de voir la manière avec laquelle ils y parviennent.

Mais au-delà de l'apprentissage de Citra et de Rowan, l'auteur nous offre un univers parfaitement détaillé, ce qui est d'autant plus surprenant pour un roman classé jeunesse. Une certaine comparaison se fait entre cette nouvelle ère et la notre par le biais de la politique, des arts, de la religion, de la relation avec autrui, etc... C'est intéressant de s'interroger sur ce qu'on serait prêt à abandonner afin de vivre dans la paix. Malheureusement, celle-ci ne peut pas toujours être présente comme le confirme la Communauté des faucheurs. Ces derniers ont tous une manière différente de glaner, une morale propre à leur caractère, et ne peuvent donc pas toujours être tous en accord. Une véritable tension se forme entre les faucheurs conventionnels et ceux de la nouvelle génération qui perçoivent les humains comme inférieurs à eux. Certains, comme Maître Goddard et son élégie, se comportent comme des dieux se servant de marionnettes comme bon leur semble. L'écriture toujours fluide aide à ne pas se noyer dans le flot d'informations et de descriptions en apportant le parfait mélange entre narration et action. Après un premier tome aussi réussi, j'ai bien évidemment hâte de découvrir la suite avec ces deux personnages principaux intrépides et intelligents qui de leur simple statut d'humain n'avaient pas peur de défier la mort et qui maintenant vont se mesurer au monde entier. 


« Mon vœu le plus cher pour l'humanité n'est ni la paix, ni le confort ni la joie.
 Non. Ce que je nous souhaite, c'est de mourir un peu en nous-mêmes
 chaque fois que nous assistons à la mort d'un autre. Car seule la douleur causée
 par l'empathie pourra nous permettre de rester humains. Aucune version de
 Dieu ne pourra nous venir en aide si jamais nous perdons cette aptitude. »



CONCLUSION
Un premier tome très bien mené avec un univers parfaitement
 construit avec ce qu'il faut de descriptions. Les personnages
 sont également une grande force de ce roman, certains
 intrépides, d'autres plus sages, mais tous très intelligents.

mardi 23 mai 2017

Sans issue : Le Lac tome 2, Svetlana Kirilina
Des montagnes, une cabane perdue, un lac.
Dekh n’est pas vraiment seul. Mais c’est tout comme. Il est seul

 face à ses souvenirs, seul face à ses regrets.
Parfois, il se dit qu’il aimerait bien changer les choses.
Parfois, il se dit qu’il est juste fatigué.




AVIS


Aussitôt fini le premier épisode, aussitôt lu le suivant ! Le Lac est le deuxième épisode de la nouvelle saga de Svetlana Kirilina, que je remercie encore une fois pour sa confiance, publié le premier de ce mois. Après avoir exploré lors du premier épisode un moment de vie au sein d'une société urbaine très réglementée vécue au quotidien par différents personnages, nous voici ici dans les montagnes avec Dekh qui gravite autour du lac. Vieillissant et seul, il s'emploie dans ce décor apaisant et propice à la réflexion à se souvenir de son douloureux passé qui explique son actuel isolement. Le lecteur va alors pouvoir découvrir la rencontre entre Nell et Dekh, leur vie commune au milieu d'une guerre entre leur nation et celle voisine, et les confessions dans le présent de l'homme à Vors, un adolescent qui semble cohabiter avec Dehk. Les remords et les mensonges font partie intégrante de la vie de l'homme. Et en essayant d'expliquer la réalité des faits, il se rend compte de la difficulté encore tenue d'accepter le passé dans lequel chacun a commis des fautes. 

Ce nouvel épisode est indépendant du premier et de celui qui suivra, mais les thèmes convergent. Les libertés d'action et de penser restent au cœur de l'histoire et interrogent sur leur possible présence dans un contexte de guerre. Car dans ce climat-là, personne ne réfléchit et agit de la même manière. Certaines actes horribles deviennent pour certains inévitables et indispensables afin de garder le contrôle et le pouvoir que l'on a sur celui en face de soi. En temps de guerre, certains ne peuvent plus penser que pour eux-mêmes et leurs proches, mais pour leur nation ; et c'est à ce moment que les agissements ne s'accompagnent plus de questions. Néanmoins, celles-ci se représentent lorsque tout revient à la normale et s'immiscent au plus profond de ces hommes jusqu'à ce qu'ils se demandent qui ils sont réellement. Cet épisode m'a davantage plu, ne suivant principalement que deux personnages intimement liés, Nell et Dekh, qui doivent faire face à leurs choix et à leurs convergences de point de vue.  

Dekh nous entraîne dans la partie cachée du gouvernement et nous laisse entrevoir ce qui semble admis afin de récolter des informations. Mais sa culpabilité va gonfler jusqu'à devenir insoutenable au sein de sa famille. Tout le monde a des choses à cacher mais faut-il dénoncer ce qui nous semble mauvais et contraire à nos valeurs, ou baisser la tête et devenir  une partie intégrante de ce secret jusqu'à ne plus réussir à s'en défaire ? Le libre-arbitre est une des interrogations cruciales de cette histoire et laisse libre cours aux réflexions des lecteurs. Comment aurais-je réagi ? Est-ce que ce qui me semble affreux ou impossible à concevoir dans mon quotidien actuel ne serait pas inévitable dans un autre contexte ? Serai-je prêt à mentir jusqu'à la fin de ma vie pour protéger ma vie et celle de mes proches, perdant mon intégrité et mes valeurs ? Ce court récit pose sur la table de multiples questions et une manière de les résoudre. La fin est très bien pensée, comme le reste de l'histoire, et m'a particulièrement touché. J'ai maintenant hâte de découvrir ce que l'auteure nous réserve dans Les Ombres, le troisième épisode de Sans issue qui sortira le mois prochain.



CONCLUSION
Un deuxième épisode encore meilleur qui pose sur la table des
 questions importantes sur la liberté individuelle et sur ce que
 l'être humain est prêt à faire pour sa survie et celle de ses
 proches ou de sa nation.



AUTRE AVIS SUR CETTE SAGA
http://entournantlespages.blogspot.fr/2017/05/sans-issue-le-silence-tome-1-svetlana.html     http://entournantlespages.blogspot.fr/2017/09/sans-issue-les-ombres-tome-3-svetlana.html

AUTRES AVIS SUR CETTE AUTEURE
http://entournantlespages.blogspot.fr/2017/05/les-pates-froides-svetlana-kirilina-des.html     http://entournantlespages.blogspot.fr/2016/02/la-septieme-face-et-la-grande-coasseuse.html

mardi 16 mai 2017

Sans issue : Le Silence tome 1, Svetlana Kirilina
La guerre a laissé des traces. Des traces qu'on a tenté d'effacer. Des
 traces qu'on a tenté de camoufler. Avec succès.
La vie est devenue meilleure. La vie est devenue simple.
Mais tout le monde ne semble pas de cet avis.




AVIS 


Il est très difficile de juger une histoire sur un si petit nombre de pages. N'étant pas fan des nouvelles dû le plus souvent à l'absence d'approfondissement des personnages et de l'univers, j'ai pourtant eu très envie de lire ce court texte qui s'inscrit comme le premier épisode d'une nouvelle saga. Et c'est bien pour cela que j'ai souhaité tenter le coup, et je remercie Svetlana Kirilina pour m'avoir une nouvelle fois fait confiance, m'imaginant que le manque d'informations que je pourrais ressentir dans ce premier épisode serait compenser par la suite. Le défi de l'auteur est simple : produire une nouvelle pour chaque premier du mois sur des thèmes similaires telles que la recherche de liberté, la dictature ou les mouvements autoritaires. Chacune est par contre indépendante, ce qui m'a surprise à la fin de ma lecture. Je suis directement rentrée dans l'histoire, dans cette ville où la société materne réellement ses habitants jusqu'à devenir indispensable pour eux. Par l'intermédiaire de la radio allumée continuellement, Gul, comme tout autre membre de la ville, vit en fonction de ce que lui enseigne cette voix étrangère devenue néanmoins familière depuis la fin de la guerre quelques années auparavant. Elle prend réellement le pas sur sa vie en l'éloignant des autres pour lesquels ils ne portent aucune attention. Mais un jour, Gul et les autres habitants sont réveillés par le silence. Et lorsque le bruit s'efface, les interrogations commencent à naître jusqu'à ne plus réussir à partir avant d'avoir réussi à résoudre ce casse-tête. Comment continuer à vivre de la même manière lorsque la chose qui nous aidait à avancer a disparu ? Comment ne pas craindre sa perte définitive ? Comment réagir lorsque l'on se rend compte qu'on aurait pu réfléchir par nous mêmes et faire un pas vers l'autre depuis le début ? 

Par l'intermédiaire de Gul mais également de Jo et Tal qui se posent différentes questions et dont j'ai apprécié la dynamique, l'auteur nous met face à des protagonistes qui réagissent différemment à la société mise en place. Soit endormis, soit envieux d'action ou de renouvellement, ils avancent jour après jour en se questionnant sur ceux qui les dirigent. Sur cette société où une élite est toujours privilégiée, où la blancheur des murs et de son environnement ne réussit pas à convaincre tout le monde sur la pureté de ce monde après la guerre, où la peur reste toujours le meilleur moyen de garder entre ses mains l'avenir de toute une ville. Je ne suis donc pas déçue de cette nouvelle tout en sachant que la prochaine racontera l'histoire de nouveaux personnages dans un nouvel environnement. Je n'ai pas réellement ressenti de frustrations après la fin de cette histoire qui se clôt très bien, ne nous laissant comme questions que celles que l'on pourrait également se poser au sein de notre réalité. J'ai retrouvé avec plaisir quelques thèmes communs avec Les Pâtes froides avec des protagonistes tout aussi intéressants même si évidemment moins fournis. Ce texte peut aider à réfléchir sur ce qui nous entoure et la relation que l'on entretient avec autrui, ce qui m'a particulièrement frappé lors de la scène du métro qui pourrait très bien se retranscrire dans notre quotidien actuel. 


« Dans la rue, les gens étaient silencieux. Gul ne savait pas si c’était normal.
 En général, le trajet jusqu’au travail se faisait avec la radio. Il ne savait pas si
 les gens parlaient. Il n’y avait jamais fait gaffe. Mais maintenant, ils
 se regardaient et ils n’osaient rien dire. »



CONCLUSION

Une nouvelle convaincante qui dispose de réflexions
 intéressantes sur la liberté de chacun au sein d'une
 communauté plus ou moins réfractaire à l'individualisme
 ou à une quelconque forme de protestation.
AUTRE AVIS SUR CETTE SAGA
http://entournantlespages.blogspot.fr/2017/05/sans-issue-le-lac-tome-2-svetlana.html     http://entournantlespages.blogspot.fr/2017/09/sans-issue-les-ombres-tome-3-svetlana.html



AUTRES AVIS SUR CETTE AUTEURE
http://entournantlespages.blogspot.fr/2017/05/les-pates-froides-svetlana-kirilina-des.html     http://entournantlespages.blogspot.fr/2016/02/la-septieme-face-et-la-grande-coasseuse.html

samedi 6 mai 2017

Les Pâtes froides, Svetlana Kirilina
Des gens sont morts.
Pas tous. Enfin, je crois pas. Moi, en tout cas, j’ai survécu. J’ai survécu et je me
 suis retrouvé enfermé là, dans le bunker.
On va pas se mentir. Ici, y a rien à faire. Rien à part tenter de se rappeler le passé,
 tenter de comprendre comment on en est arrivés là. Tenter de survivre un peu aussi.
 Ça devrait aller, j’ai une bonne réserve de pâtes.



AVIS


Après une première expérience réussie avec le premier tome drôle et absurde de La Septième Face, j'ai souhaité retrouver la plume de Svetlana Kirilina dans un autre genre, celui de la science-fiction. Je la remercie donc fortement pour m'avoir permis de découvrir Les Pâtes froides qui a été une excellente lecture et qui m'a donné l'envie de poursuivre mon parcours au sein de la bibliographie de cette auteure. Le résumé apporte déjà un décalage entre le contexte auquel doit faire face le narrateur et son ironie face à sa situation, ce qui m'a donné réellement envie de débuter ma lecture de bon pied. Et dès le début, on peut dire que le lecteur sera surpris par la construction du récit bien exploitée et maîtrisée et par la multitude d'éléments et de personnages.

 Au vu du résumé, je m'attendais à suivre majoritairement, ou du moins pendant une bonne partie du récit, un seul personnage enfermé dans un bunker qui relaterait au lecteur son histoire et les circonstances de son isolement. En 3120, ce personnage, dont on ne sait ni le nom ni le sexe, décide de commencer un journal vidéo dans lequel il pourra raconter son histoire et les origines du conflit et des événements naturels qui ont amené la population à se retrancher sous terre. En compagnie de Marc qu'il ne semble pas porter dans son cœur, il tente de se souvenir des raisons de leur enfermement, de leur mission en ce monde afin de reconstruire un nouveau monde sur les ruines du passé. Rapidement, le lecteur va faire face à un schéma narratif multiple puisqu'il va faire la connaissance de différents personnages à des dates différentes. En 3083, après que le monde soit dévasté par une catastrophe, naturelle ou humaine, la société est régie par une sorte de monocratie. La police essaie par tous les moyens de supprimer l'avancée croissante du Nouveau Souffle, perçue comme une secte mais qui, pour ses membres, serait le seul chemin vers la délivrance et la paix. Sam, le chef de ce groupe, avec l'aide de ses alliés tel que Lou, tente de faire avancer son mouvement pour faire bouger les choses.

En 3098, toute la population se retrouve sous terre et désœuvrée dans différents bunkers. Aline, Alex, Marc, Ted et Ned vont faire connaissance et par un événement qui va à jamais les marquer, vont sceller leur destin commun. De plus, la population peut encore écouter sur les ondes la dernière radio encore existante qui s'inscrit comme la voix de la rébellion face au Premier Ministre Chavron et à son gouvernement autoritaire. Puis en 3120, la société semble encore avoir été modifiée, encadrée par diverses factions. Certains personnages refont leur apparition à cette période, essayant tant bien que mal de survivre, à promulguer la paix, et à reconstruire les fondations de la Ville. Je ne peux que souligner tout le travail effectué afin de construire un univers cohérent et plein de petits détails, ce que je ne pensais pas forcément possible en seulement 350 pages. J'ai été agréablement surprise d'apprécier me plonger dans ces trois cadres temporels avec la même intensité, qui reposent sur des personnages en quête de liberté et de renouveau.

Même s'il est difficile de voir défiler autant de protagonistes au début du récit, beaucoup se démarquent et deviennent des piliers centraux de l'histoire. J'ai particulièrement apprécié Aline qui m'a touché par les lettres adressées à sa sœur et par les difficultés auxquelles elle doit faire face par la suite entre la perpétuation des siens et ses problèmes moraux. Alex et Lou se démarquent par leur instinct de survie et par leurs forces psychologiques qui vont être parfois mises à mal face à leurs émotions qui refont surface. Ned se révèle également très intéressant par le traitement qu'effectue l'auteure sur ses choix et ses codes moraux. Il n'est pas, tout comme les autres personnages, dans un contexte manichéen et possède des nuances. Le ton cinglante et ironique de la « Dernière radio avant la fin du monde » se montre utile afin d'apporter un contraste avec cet univers sombre et les étapes que doivent franchir les personnages. J'ai été donc entièrement conquise par ce roman, et j'espère l'être tout autant avec d'autres livres de cette auteure.


« Donne-leur un futur, Simon. Tu verras, ça marche mieux que la peur. »



CONCLUSION
Une histoire maîtrisée de bout en bout dans un univers
 post-apocalyptique très bien décrit où de nombreux
 personnages avec leur propre force de caractère tentent par
 tous les moyens de se faire entendre et d'être de ceux qui
 reconstruiront un monde plein de promesses et de stabilité.



AUTRE AVIS SUR CETTE AUTEURE
http://entournantlespages.blogspot.fr/2016/02/la-septieme-face-et-la-grande-coasseuse.html     http://entournantlespages.blogspot.fr/2017/05/sans-issue-le-silence-tome-1-svetlana.html     http://entournantlespages.blogspot.fr/2017/05/sans-issue-le-lac-tome-2-svetlana.html

mercredi 22 mars 2017

Manipulation : Les Corbeaux tome 1, Juliette Lemaître
Dans le futur, la population est dominée par la propagande, l’endoctrinement et la
 peur : chaque citoyen récalcitrant est exécuté dans l’Arène, à la vue de tous. Personne ne
 vit à l’extérieur du grillage électrifié qui entoure la ville, la Société. Personne, sauf Liza et
 Anna, deux sœurs dont les parents ont mystérieusement disparu après y être entrés. Un jour,
 les Corbeaux, la milice de la Société, débarquent dans leur ferme et enlèvent Anna. Liza,
 prête à tout pour la retrouver, se lance à l’assaut de la ville. Là-bas, elle rencontre Calim,
 un hors-la-loi, lui aussi pourchassé. Ensemble, ils vont essayer d’infiltrer la prison où
 Anna est détenue, sans savoir qu’ils se jettent dans la gueule du loup. Piégée par Connor,
 le président, Liza doit remporter cinq épreuves dans l’Arène si elle veut espérer libérer
 sa sœur et sa mère enfin retrouvée. Mais une fois dehors, une tâche plus grande encore
 l’attend : libérer la ville du joug du président.

AVIS

Une nouvelle dystopie jeunesse est sortie en février qui m'a été permis, grâce à Hachette, de lire : Manipulation. Seulement âgée de vingt ans, Juliette Lemaître a crée un univers de science-fiction très bien construit et décrit où elle a la possibilité de laisser place à des personnages jeunes et de toute appartenance sociologique. Avant ma lecture, je me suis dit, "et une dystopie de plus ! Que va m'apporter celle-ci par rapport aux autres ?" Il est vrai qu'on ressent facilement les influences dans ce nouveau récit mais il est indéniable que l'auteure a réussi à apporter une touche de nouveauté dans le grand méli-mélo des ouvrages de science-fiction axés jeunesse tels Hunger Games, Divergent, ou Le Labyrinthe, en prenant réellement en compte l'univers, le décor, et la façon dont les protagonistes vont vagabonder dans celui-ci. En 2374, après la Troisième Guerre Mondiale, les différents pays ont été peu à peu décimés. En Australie, il ne reste qu'un million d'habitants divisés en dix villes dirigées de manière autonome. L'une de celle-ci, appelée la Société, est gouvernée par un régime autoritaire avec à sa tête le président Connor. En dehors des limites de la ville vivent deux sœurs, Liza et Anna Gallen, recluses dans la ferme familiale. Liza a tout fait pour protéger sa benjamine et la faire jouir de la liberté d'expression et de ses propres actes. Mais alors qu'elles ont été repérées par la Société, le groupe des Corbeaux, l'armée de Connor, kidnappe Anna afin de la compter parmi les membres de leur ville. À son retour à la ferme, Liza se rend compte de la disparition de sa sœur et va tout tenter pour encore une fois protéger la vie d'Anna, qui va se révéler des plus importantes pour Connor. Car Anna possède une caractéristique majeure : c’est un génie. N'ayant que huit ans, elle possède déjà le plus haut Q.I de la Société et va être alors l'objet de plusieurs tests scientifiques auprès des Colombes, les savants de la Société. L'auteure prend vraiment le temps d'apporter un réel contexte historique et social à son récit, en nous expliquant les raisons de cette décimation de la population et de la prise de pouvoir de Connor. Cette séparation de la Société par les différentes appellations, Corbeaux ou Colombes, est très intéressante et j'imagine qu'elle va connaître une plus grande signification par la suite. 

De son côté, Liza, cette adolescente de seize qui semble particulièrement douée de ses mains, va rentrer clandestinement au sein de la Société et va construire tout un plan pour retrouver sa sœur. Mais c'est sans compter ceux de Connor qui semble toujours avoir un coup d’avance sur la jeune fille. Un soir, alors acculée et près d'être attrapée par Jake Regan, le chef des Corbeaux, là voilà secourue par un nouvel allié, Calim. Hors-la-loi depuis plusieurs années, l'adolescent a toujours réussi à s'extirper des plus mauvais coups sans jamais se faire prendre, jouant à un réel jeu du chat et de la souris avec Jake, avec qui il semble avoir peu à peu créer un lien par le biais de cette chasse à l'homme. Alors que nous avons le droit avec Anna à tout la partie savante, avec des tests mêlant logique et endurance, Liza fait surtout appel à sa force et à sa logique mathématique. Les deux semblent parfaitement se compléter, d'où leur lien inébranlable. 

Malgré leur capital sympathie, les personnages restent pour la plupart un peu trop gentils à mon goût à part le "grand méchant" qui souhaite à tout prix garder le contrôle sur tout le monde. Même ceux au service de Connor, comme Jake et Ewen, semblent rapidement s'interroger sur leurs actes au sein de la Société et la manière de concilier leurs actes avec leurs réflexions idéologiques. Mais surtout, le tout reste un peu trop jeunesse. À part Connor, tous les autres protagonistes sont très jeunes et certaines décisions sont difficiles à prendre au sérieux. Quelle est la raison pour laquelle Connor a choisi de mettre à la tête de son armée Jake de seulement dix-huit ans (sans compter qu'il a ce poste depuis deux ans) sans au moins quelqu'un pour le seconder ? Surtout lorsqu'on se rend compte des nombreux échecs auxquels il doit faire face, notamment celui de ne pas réussir à mettre la main sur Calim ou sur Liza. Et du point de vue de l'âge des personnages, je n'ai pas réussi à me faire au postulat de départ : l'âge et le caractère d'Anna. J'ai du mal à croire, malgré son éducation entourée de livres, qu'elle soit aussi familiarisée par la vie avec les autres (elle ne semble pas chamboulée par les gens autour d'elle, mais uniquement de sa captivité), et qu'elle est autant de répartie de par le langage, mais surtout de par la logique à laquelle elle s'exerce. Elle comprend rapidement les rouages des pensées et manigances de ses ennemis et joue un véritable jeu d'échecs, littéralement et métaphoriquement, avec le Président de la Société. Et puis j'aurais aimé que Connor aille encore plus loin dans la cruauté dans laquelle il a l'air de se complaire. Le cerveau semble le passionner et j'aurais apprécié encore davantage de sévices psychologiques face à ses victimes, telles qu'Anna qui, finalement, ne semble pas ressentir autant de difficultés que ça à rester sa captive avec toute la brutalité dont elle est la victime. 

Le récit a également parfois du mal à rester homogène, étant plutôt lents lors des passages de descriptions ou de repos des personnages, et trop rapides lors des moments où s'opère l'action. Les événements sont pour la plupart loin d'être surprenants mais réussissent à entretenir malgré tout l'intérêt du lecteur. La majorité du temps, j'ai extrêmement de mal avec les récits avec le point de vue d'adolescents et d'enfants que je trouve le plus souvent trop immatures ou, au contraire, trop adultes par rapport à leur âge. J'ai du mal à trouver le juste milieu, ayant déjà eu le même problème avec la trilogie dystopique Legend de Marie Lu où je trouvais les deux personnages principaux trop jeunes.

CONCLUSION
L'univers est bien construit et approfondi mais les personnages
 restent encore trop gentils pour apporter une réelle consistance
 à l'histoire, manquant parfois de crédibilité par rapport à leur
 jeune âge.



AUTRE AVIS SUR CETTE SAGA
http://entournantlespages.blogspot.fr/2017/07/manipulation-les-renards-tome-2.html

mercredi 1 mars 2017

Chroniques lunaires : Cress tome 3, Marissa Meyer
Attention, risques de SPOILER si vous n'avez pas lu les précédents tomes.
Le sort de la Terre est dorénavant entre les mains de Cinder et de ses compagnons.
Ils doivent à tout prix empêcher le mariage de l'empereur Kaito avec la terrifiante
reine Levana. Cress, hackeuse de génie, enfermée dans un satellite depuis sa
naissance, est la seule à pouvoir les aider. Mais peut-on vraiment lui faire confiance ?



AVIS 


« Alors qu'elle n'était encore qu'une enfant, la sorcière l'enferma au sommet
 d'une tour qui ne possédait ni escalier ni porte. » 


Avec toute l'effervescence autour de cette saga et le temps que j'ai mis pour enfin me procurer ce troisième tome, après le moment très agréable passé avec les deux premiers, je ne pouvais pas attendre encore plus longtemps avant de lire Cress. Je pense que je n'ai pas réellement besoin de raconter l'histoire de cette saga vu sa popularité, mais un petit retour en arrière sera bienvenu pour cette chronique. Alors que Cinder, cyborg lunaire dorénavant en fuite, a réussi à trouver des alliés pleins de ressources, elle va tenter par tous les moyens de renverser la reine Levana et d'annuler son union avec Kai, l'empereur de la Communauté orientale. Seulement, afin de remplacer celle qui terrifie le monde entier, il faudra réussir à mettre sur le trône la seule personne légitime pour ce titre, la princesse Sélène que tous pensent morte. Cinder sera-t-elle prête à bouleverser encore davantage sa vie, elle qui n'était qu'une simple mécanicienne cyborg ? Néanmoins, avant de s'imaginer sur le trône, il va bien falloir réussir à évincer Levana. Et avec le magnétisme de celle-ci et de ses thaumaturges, le combat ne va pas être simple. Surtout que le mariage qui unira la Communauté orientale et la Lune est imminent. 

Cinder, Thorne, Scarlet, Loup et Iko se retrouvent alors ensemble à échafauder un plan. Et pour ce troisième tome, ils vont pouvoir compter sur une nouvelle héroïne, Cress, hackeuse au service de Levana. Enfermée depuis sept ans dans un satellite, elle ne rêve que de prince charmant combattant pour sa libération. Et son dévolu va se poser ironiquement sur Thorne, l'homme le moins chevaleresque de la saga. Nous découvrons donc ce nouveau personnage dans son environnement habituel, solitaire et interprétant le monde avec des yeux naïfs et parfois loin de la vérité. Emprisonnée depuis un long moment, elle a tout à découvrir. On peut alors comprendre son caractère parfois plus immature que les jeunes filles de son âge, mais il est vrai que sa puérilité m'a parfois dérangé, surtout au début. C'est sûr, elle offre un parfait contraste avec Cinder, souvent froide, et Scarlet, impulsive et qui ose toujours dire ce qu'elle pense. Heureusement, pour moi, Cress va peu à peu évoluer au contact des autres personnages, surtout accompagnée de Thorne avec qui elle forme un duo très intéressant. Très différents l'un de l'autre, ils vont pouvoir se découvrir dans des situations parfois délicates et se révéler encore davantage aux lecteurs. Moi qui avait adoré Thorne dans le deuxième tome, je suis bien contente que l'auteure lui donne une place plus importante ici. Celui qui aura, à mon goût, été mis cette fois-ci en retrait est Loup, et j'espère le suivre davantage dans Winter, tout comme Scarlet.


« La sorcière coupa ses tresses blondes et l'exila dans une contrée désertique. »


L'auteure a choisi d'écrire un tome beaucoup plus long que les deux premiers. Mais est-ce que ça fonctionne ? Oh ça oui ! Pas de longueurs superflus, on en apprend toujours plus sur la létumose, et les personnages peuvent être approfondis pour le plaisir du public. Une nouvelle dynamique s'installe avec l'alternement de points de vue toujours aussi plaisant, mais aussi par le fait d'intervertir les duos ou groupes. Les "clans" formés dans le deuxième tome ne sont pas forcément les mêmes ici et cela permet parfois de découvrir de nouvelles facettes des protagonistes. Un seul personnage m'a un peu manqué : Levana. Son ombre pèse lourdement sur l'avenir de tous, son nom est sur toutes les lèvres, mais sa présence est minime. J'ai vraiment hâte de la déchiffrer à l'aide de la nouvelle sur elle, et j'espère la suivre beaucoup plus dans le dernier tome. Dernier tome que j'ai maintenant très hâte de lire grâce à l'intérêt toujours croissant que fait naître l'auteure par les intrigues et les péripéties que vivent ses personnages. Et encore davantage depuis l'apparition d'un nouveau personnage très important et énigmatique : Winter. Nous en avons ici un faible aperçu mais il est vrai qu'elle fait, dès sa première venue grande, impression.

Alors que nous avions déjà découvert précédemment la Communauté orientale et la France à travers les yeux de nos héros, ceux-ci découvrent particulièrement dans ce troisième tome les coins reculés de l'Afrique et du Sahara, où semblent se réfugier quelques lunaires. Certaines retrouvailles sont alors sans doute trop prévisibles, mais ce défaut est moindre par rapport aux deux premiers tomes où la révélation finale étaient pour chacun trop attendue. Avec la fin de ce tome, je me demande réellement ce qui va se passer pour la suite maintenant que Cinder a gagné, mais aussi perdu, des alliés et qu'elle compte mener à terme son plan. Encore quelque peu flou, celui-ci va apporter des conséquences désastreuses pour les peuples terrien et lunaire mais ne se dissipera pas avant la fin du règne de la terreur de Levana. 


« Le bel oiseau n'est plus au nid, le chat l'a emporté et de plus il va t'arracher les
 yeux. Raiponce est perdue pour toi, tu ne le reverras plus jamais. »



CONCLUSION
Un troisième à la hauteur de mes attentes, qui ne souffre pas de
 longueurs par rapport aux deux premiers moins gros. L'auteur
 peut alors encore plus approfondir son histoire et ses
 personnages toujours aussi intéressants à suivre et attachants,
 ce qui est un gros plus.



AUTRES AVIS SUR CETTE SAGA
http://entournantlespages.blogspot.fr/2015/01/chroniques-lunaires-il-etait-une-fois.html     http://entournantlespages.blogspot.fr/2015/03/chroniques-lunaires-cinder-tome-1.html
http://entournantlespages.blogspot.fr/2015/04/chroniques-lunaires-scarlet-tome-2.html     http://entournantlespages.blogspot.fr/2015/06/chroniques-lunaires-larmee-de-la-reine.html

mercredi 19 octobre 2016

La Nuit des temps
L’Antarctique. À la tête d'une mission scientifique française, le professeur
Simon fore la glace depuis ce qui semble une éternité. Dans le grand désert
blanc, il n'y a rien ici, juste le froid, le vent, le silence.
Jusqu'à ce son, très faible. À plus de 900 mètres sous la glace, quelque chose
appelle. Dans l'euphorie générale, une expédition vers le centre de la Terre se
met en place.




AVIS 
 
"Nous savons au moins déjà une chose, c'est que l'homme est merveilleux, et
que les hommes sont pitoyables."
 



Il y a quelques années, j'avais été très agréablement surprise par Le Grand Secret, livre de science-fiction de l'auteur français René Barjavel. Je ne m'attendais pas à une histoire aussi captivante et aussi bien travaillée, ne connaissant absolument pas le travail de cet écrivain. Et après cette excellente lecture, j'ai attendu, je ne sais encore pourquoi, jusqu'à aujourd'hui pour lire un de ses livres les plus connus. Et si je m'attendais à aimer l'histoire malgré un début que je présageais peu immersif, j'ai encore pris une grosse claque avec cette fois-ci La Nuit des temps...

Un groupe de scientifiques de tous les horizons de la planète font des recherches sur la terre glacière de l'Antarctique. Leur travail et leur curiosité les amène à découvrir un phénomène inconnu de tous et surprenant, voire inimaginable, sous 900 mètres de glace. Ces chercheurs vont alors devoir informer les nations, ainsi que la population entière de leur découverte qui risque de bouleverser les certitudes sur notre monde. Avec le langage scientifique dès le début du roman, j'avais peur de ne pas facilement réussir à rentrer dans l'histoire, mais comme avec Le Grand Secret, Barjavel est parvenu sans que je m'en rende compte à me faire adhérer pleinement à son texte, le dévorant dès les vingt premières pages. Et après la divulgation de ce secret, << l'émotion dans le monde fut considérable>>, comme pour le lecteur qui est aux premières loges. Une sorte de solidarité humaine se crée en un instant grâce à ce projet révolutionnaire et incroyable qui se développe alors autour de cette découverte.



"Je voulais que le monde entier sût combien tu étais merveilleusement,
incroyablement, inimaginablement belle.
Te montrer à l’univers, le temps d’un éclair, puis m’enfermer avec toi,
seul, et te regarder pendant l’éternité."



Je ne vais pas vous dévoiler le noyau propre du roman, vous laissant le plaisir de le découvrir par vous-même, mais je peux vous dire les thèmes que Barjavel expose dans son univers et qui m'ont particulièrement plu et saisi. Comme dans Le Grand Secret, l'auteur manifeste une attirance certaine face au sujet de l’Éternité qu'il dévoile comme une figure de mystification, avec les secrets propres à sa nature qui ne pourraient être dévoilés aux êtres sensibles et matériels comme l'être humain. Le lecteur, tout comme les hommes (également les femmes, même si elles sont en moins grand nombre), est pénétré et capturé par cette beauté, beauté qui se dévoile par les descriptions de son image, et par l'écriture de l'auteur qui m'a particulièrement touché. D'autres réflexions importantes sont développées telles que la désacralisation de cette Éternité par l'intermédiaire de ses chercheurs. La science cherche à découvrir tous ses secrets, l'étudiant au microscope, et souhaitant alors la placer au fil du temps à la même échelle que l'être humain tout en gardant cette fascination première, car l'homme peut alors la toucher du doigt, l'envelopper de ses bras pour en faire sien.

Lors de la deuxième moitié du roman, Barjavel s'attelle à présenter une sorte d'utopie à travers une autre société, une autre civilisation qui peu à peu s'effondre à cause des envies individuelles des hommes liées au pouvoir, à la richesse et qui dévore selon l'auteur également notre monde actuel. Cette partie en Gondawa m'a un peu moins intéressée que le reste, jugeant quelques moments un peu trop longs malgré l'intérêt toujours présents de suivre Païkan et plus particulièrement Élia. Mais j'étais beaucoup plus affectée par les événements se passant en Antarctique, avec les chercheurs qui tentent de comprendre ce qui se trouve devant leurs yeux et de réussir à en ressortir le meilleur parti pour les besoins de l'humanité et de la découverte scientifique. J'ai été donc encore une fois bluffée par ce travail d'écriture, ce style recherché et poignant à la fois et par ces personnages dont certains sortent particulièrement du lot même si ce ne sont au final pas leur caractère individuel qui est le plus important, mais leur lien collectif. 


"Elle l’a quitté hier…, dit Simon. Le sommeil n’a pas de durée… Et pendant
la courte nuit, l’éternité s’est dressée entre eux."



CONCLUSION
Une nouvelle claque avec cet auteur réussissant une deuxième
 fois à me captiver grâce à cette histoire réaliste et
 extraordinaire à la fois.



AUTRE AVIS SUR CET AUTEUR
http://entournantlespages.blogspot.fr/2017/03/lenchanteur-rene-barjavel-qui-ne.html

mardi 11 octobre 2016


Animale : Tambours dans la nuit tome 0
Toutes les histoires ont un côté obscur…
Toutes les légendes renferment une vérité cachée…
Et si le conte le plus innocent dissimulait l’histoire d’amour la plus terrifiante ?
 
 
AVIS
 
 
"À tout moment , le sifflement des boulets me rappelait que la mort était prête à
me cueillir. Je ne percevais rien autour de moi, et pourtant, pour la première
fois, je regardais la guerre en face."
 
 
 Après avoir longtemps hésité et lu la chronique de ce prélude et du premier tome du blog Les lectures de Marinette qui m'a décidé, j'ai voulu découvrir la réécriture de conte de Victor Dixen, conte qu'en plus je ne connais pas réellement. Ce prélude d'une soixantaine pages ne nous donne pas beaucoup d'informations sur cette nouvelle Boucle d'or mais il réussi à être intéressant par son cadre et son époque.

Pierre Valandrin fait partie de l'armée française de Napoléon qui va envahir la Russie. Sur cette terre inhospitalière, le soldat va découvrir les horreurs de la guerre et de la nature humaine. Recherchant des combattants ennemis après la fin d'un combat, il va également se laisser amadouer par une jeune fille blonde inconnue et seulement accompagnée de sa vachette près d'une grange, et ne va donc pas la dénoncer. Il repart alors sans avoir le moindre espoir de retrouver cette inconnue qui peuple depuis lors chacune de ses pensées. Pierre accompagné de son camarade Paulin retourne donc vers les champs de bataille mais avec une toute autre conscience de la guerre dont il prend part. Il n'espère jamais pouvoir retourner chez lui et ne comprend alors plus vraiment le but de servir aveuglement les troupes napoléoniennes. Et c'est alors qu'il va se poser de plus en plus de questions sur ces mystérieux joueurs de tambour.

Victor Dixen réussit dès le début à immerger le lecteur dans cet été russe de 1812, en décrivant l'hostilité des russes face à l'envahisseur, le silence de ces habitants face à la cacophonie des canons et des batailles françaises. Pierre, tout juste âgé de dix huit ans, arrive rapidement à nous émouvoir face à ses premiers combats. Sa rencontre avec Ioula se révèle presque mystique et on espère des retrouvailles à la hauteur de ce premier contact. Donc même si j'ai l'impression que cette nouvelle ne m'a pas beaucoup renseignée sur la saga Animale, j'espère que celle-ci se passera à la même époque et dans le même cadre géographique que j'ai apprécié découvrir ici.
 
 
"Lorsqu’un homme s’éteint, c’est l’humanité entière qui s’appauvrit - c’était
maintenant seulement que je le comprenais."
 
 
 
CONCLUSION
Un prélude qui j'ai l'impression n'apporte pas beaucoup
de choses à la saga originale mais qui reste intéressant
par la découverte d'une Russie fragile face aux français
du XIXème siècle.

lundi 25 janvier 2016

Fahrenheit 451
 
Ray Bradbury
Folio, SF
2000
1ère édition : 1955
236 pages
Science-Fiction


451 degrés Fahrenheit représentent la température à laquelle un livre s'enflamme et se consume. Dans cette société future où la lecture, source de questionnement et de réflexion, est considérée comme un acte antisocial, un corps spécial de pompiers est chargé de brûler tous les livres dont la détention est interdite pour le bien collectif. Montag, le pompier pyromane, se met pourtant à rêver d'un monde différent, qui ne bannirait pas la littérature et l'imaginaire au profit d'un bonheur immédiatement consommable. Il devient dès lors un dangereux criminel, impitoyablement pourchassé par une société qui désavoue son passé.



 
 
"Il n'y a pas besoin de brûler des livres pour détruire une culture. Juste
 de faire en sorte que les gens arrêtent de les lire." 
 
 
Les livres étant dans cette société devenus interdits, Montag exerce le beau métier de pompier, non pas pour sauver des vies, mais pour détruire la culture littéraire. Nous découvrons une population dénuée d'empathie pour son prochain, sans de réelles envies et de réflexions sur ce qui l'entoure. Le pouvoir régit la vie de ses citoyens et ceux-ci n'ont aucun problème à être dépendants de lui, ce qu'ils n'ont même pas l'air de percevoir. Mais certaines personnes ne comprennent pas ce mode de vie, veulent revenir à une société moins égoïste et plus libre, où chacun a le choix d'être heureux ou pas, et où tout ne leur est pas servi sur un plateau d'argent.

Et après un énième incendie, quelque chose va produire un déclic chez Montag. Est-ce qu'il a déjà pensé par lui-même ? Est-il heureux de vivre cette vie ? Mildred, sa femme, est-elle heureuse à passer ses journées devant des écrans où sont filmés sa famille ? Montag ne comprend plus toute cette folie, comment ils ont pu en arriver là, comment le monde autour de lui peut être plus intéressé par des choses ou des gens qu'ils ne sont pas vraiment là au lieu de tendre la main à celui qui est en face de lui. Il veut pouvoir changer les choses mais ne sait pas encore comme le faire. 


"Qu'as-tu donné à la cité, Montag ?
Des cendres.
Qu'est-ce que les autres se sont donné ?
Le néant."
 
 
 Avec l'aide de Fabre, il va ouvrir peu à peu les yeux sur cette société matérialiste et dénué d'humanisme et va tout faire pour établir un plan. L'évolution de Montag s'est montrée très intéressante. Je m'attendais à davantage d'introduction mais le lecteur rentre rapidement dans le vif du sujet avec la rencontre entre Montag et Clarisse qui est le déclenchement de ce tout. En parallèle du déclic de Montag, on suit brièvement sa femme qui elle est représentée comme le parfait pantin de leur société. Elle ne peut penser par elle-même, se dit heureuse sans en savoir les raisons ou le contexte. L'exaspération que j'ai ressenti pour ce personnage montre que l'auteur a réussi parfaitement à m'impliquer dans ce roman et à me faire prendre position par rapport aux caractéristiques de ce monde qui peuvent pour certains représenter un état embryonnaire de notre société actuelle ou future.


"[...] pour la première fois, je me suis rendu compte que derrière chacun
 de ces livres, il y avait un homme. Un homme qui les avait conçus. [...] Si ça
 se trouve, il a fallu toute une vie à un homme pour mettre certaines de ses
 idées par écrit, observer le monde et la vie autour de lui, et moi j'arrive en deux
 minutes et boum ! tout est fini."
 
 
CONCLUSION
Un agréable moment de lecture avec cette contre-utopie où on
 suit l'évolution de pensée du personnage principal qui veut se
 révolter contre un pouvoir trop omni-présent.
18/20