Réparer les vivants
Maylis de KerangalFolio
Mai 2015
1ère édition : Janvier 2014
304 pages
Contemporain
<< Le coeur de Simon migrait dans un autre endroit du pays, ses reins, son foie et ses poumons gagnaient d'autres provinces, ils filaient vers d'autres corps. >>
Réparer les vivants est le roman d'une transplantation cardiaque. Telle une chanson de gestes, il tisse les présences et les espaces, les voix et les actes qui vont se relayer en vingt-quatre heures exactement. roman de tension et de patience, d'accélérations paniques et de pauses méditatives, il trace une aventure métaphysique, à la fois collective et intime, où le coeur, au-delà de sa fonction organique, demeure le siège des affects et le symbole de l'amour.
"Car les yeux de Simon, ce n'était pas seulement sa rétine nerveuse, son iris de
taffetas, sa pupille d'un noir pur devant le cristallin, c'était son regard ; sa peau, ce
n'était pas seulement le maillage fileté de son épiderme, ses cavités poreuses, c'était
sa lumière et son toucher, les capteurs vivants de son corps."
Vu l'encensement et le nombre de prix obtenus pour ce livre, j'ai voulu pendant cet été me lancer dans le récit de cette transplantation cardiaque d'un jeune homme. Et je peux dire que j'ai été agréablement surprise par cette pépite.
Simon et ses deux amis partent tôt le matin pour surfer. Sur la route du retour, l'un des ados au volant sort de sa voie. Deux blessés et un mort, Simon. S'en suit son périple à l'hôpital ou plutôt celui de tous les protagonistes autour de ce seul être. Les parents, effondrés par cette nouvelle, devant faire face à des questions auxquelles ils n'ont pas envie de répondre ou de supporter, les patients en attente d'une greffe pour qui la mort de Simon va être un renouveau, les médecins qui se surpassent pour construire un cadre humain à toute cette transplantation.
Et c'est bien ce qui m'a frappé dans cette lecture : le caractère profondément humain et intime qui est omniprésent dans le livre. Il n'est pas seulement question d'une opération chirurgicale mais également des affects, des émotions de tous les personnes qui sont en jeu pendant ces vingt-quatre heures. Ce qui rend cette transplantation moins impersonnelle et davantage collective.
L'écriture singulière de l'auteure peut déplaire par ses métaphores et ses longues phrases. Moi au contraire, je suis restée scotchée à ce récit grâce à ce style poétique et recherché. Je ne vais pas attendre longtemps avant de découvrir davantage Maylis de Kerangal !
"il le propulse dans un espace post mortem que la mort n'atteint plus, celui
de la gloire immortelle, celui des mythographies, celui du chant et de l'écriture."
CONCLUSION
CONCLUSION
Un coup de cœur pour ce contemporain rempli d'émotions et
d'humanité. Les personnages doivent faire face à la dure
réalité de l'être humain : la mortalité.
20/20
20/20
70/100
AUTRE AVIS SUR CET AUTEUR
AUTRE AVIS SUR CET AUTEUR
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