lundi 30 janvier 2017

Lettres persanes 
Correspondance fictive entre deux seigneurs persans partis à la découverte de la
 France de Louis XIV et leurs amis demeurés à Ispahan, les Lettres persanes connurent
 un succès immédiat à leur parution en 1721. Confrontant Orient et Occident, l'échange
 épistolaire mené par Usbek et Rica est le lieu d'interrogations morales, politiques
 et philosophiques : quels sont les mécanismes de l'obéissance au pouvoir despotique,
 quels sont les ressorts de la servitude et de la soumission ? Autant de questions qui,
 fascinant la pensée européenne depuis la Renaissance, sont alors d'une brûlante actualité.



AVIS 


« La nature semblait avoir sagement pourvu à ce que les sottises des hommes fussent
 passagères, et les livres les immortalisent. » 
 
 
On peut pas dire que j'ai été enchantée de commencer ce livre. Étant un des romans qui a amené au succès du genre épistolaire, beaucoup d'entre vous en auront au moins entendu parler. En tout cas, de mon côté, ça a été le cas. Mais j'ai quand même dû attendre la fac pour l'avoir dans les mains. J'en avais un peu peur, je ne savais pas vraiment comment l'appréhender. Est-ce qu'il allait être un roman épistolaire aussi magnifique que les Liaisons dangereuses de Laclos ? Était-il accessible par les sujets qu'il aborde et par le style de l'auteur ? Car oui, une question se pose dès le début : lettres fictives ou véritables ? Dès sa préface, Montesquieu nous fait comprendre avec ironie que ces lettres sont le fruit de son imagination, influencées tout de même par sa découverte du pays oriental et de ses rencontres avec les persans. Tel Laclos avec ses Liaisons dangereuses, Montesquieu nous raconte une véritable histoire où il est question de découverte culturelle mais invite également à des réflexions philosophiques. Usbek, un seigneur persan, quitte avec ami Rica son pays natal pour découvrir l'Europe, particulièrement Paris ou encore l'Italie. Dans ce roman à plusieurs voix, le lecteur va pouvoir suivre la rencontre entre la culture orientale et occidentale, leur comparaison, etc... 

À l'honneur, questions théologiques, métaphysiques, interrogations sur la place et la "valeur" de la femme, dans un certain sens libre dans la société française et enfermée dans le sérail persan. Je dois dire que ce sont les lettres à propos des femmes, que ce soit celles d'Usbek sur ses observations à Paris, ou celles de ses femmes dans le sérail, le priant de revenir vite, qui m'ont le plus intéressé. Celles également sur la présence de la religion dans la société, la distinction entre les différentes croyances et parfois également leur comparaison. En dehors de ses sujets, il est vrai que j'ai été beaucoup moins intéressée par les difficultés du voyage ou par les récits des différents personnages sur tel ou tel sujet qui m'ont le plus souvent ennuyé. Malgré la forme narrative qui peut se révéler plus dynamique que le roman ou autre genre littéraire, ma lecture a été parfois laborieuse. La polyphonie dans le récit est alors bienvenue, pouvant découvrir différents points de vue, toujours du coté des persans. Montesquieu a réussi à créer une oeuvre orientale factice à laquelle on croit. 

Car qui croirait que ces lettres sont le fruit de la plume d'un français ou d'un européen ? Surtout à l'époque de l'auteur où la censure fait rage. La caractérisation du roi Louis XIV dans ce roman est loin d'être flatteuse tout comme son régime monarchique, et ne parlons pas d'une certaine remise en cause de la religion catholique en prenant en compte celle musulmane et judaïque. On peut comprendre alors le choix de Montesqieu de publier à l'époque son œuvre anonymement en Belgique. Le président à mortier au parlement de Bordeaux aurait été fortement tapé sur les doigts ! Même si évidemment, personne n'est dupe et connaît peu à peu le nom d'auteur de ce récit, écrivain vivement reconnu par ses différentes oeuvres qui lui vaudra son entrée à l'Académie française. 


« La loi, faite pour nous rendre plus justes, ne sert souvent qu'à nous rendre plus coupables. »



CONCLUSION
Un roman épistolaire à plusieurs voix et plusieurs thèmes,
 certains qui m'ont beaucoup intéressé, d'autres qui m'ont
 ennuyé. Mais je pense que ce livre est néanmoins à lire pour
 l’ingéniosité de Montesquieu à créer un récit auquel on croit.

8 commentaires:

  1. J'ai beaucoup aimé ce roman. Je me souviens avoir particulièrement apprécié l'ironie de l'auteur, pour parler de la mode des femmes par exemple. Je pense que pour l'époque, ce devait être très original (et astucieux pour éviter la censure). Certaines choses n'ont pas vieilli et la comparaison de deux cultures est toujours amusante et enrichissante. Merci pour cet article qui m'a rappelé ce bon moment de lecture. Dommage que tout ne t'ait pas plu.

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    1. Les points que tu énonces m'ont également plus dans ce livre, et c’est vrai que pour l'époque, c'était plutôt novateur. Son roman a inspiré bien d'autres écrivains. La plupart des lettres m'ont plu, mais comme je le dis, certaines m'ont vraiment ennuyé et sont parfois à mon goût trop longues et trop dans la description inutile.

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  2. Je crois avoir les mêmes a-priori que tu avais sur ce texte classique. Mais finalement tu m'as donné envie de tenter l'aventure :)

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    1. C'est vrai qu'au premier abord, je ne suis pas sûre qu'il fasse envie à tout le monde, mais il est à découvrir. C'est une bonne critique (positive et négative) de la culture française et persane, qui est, ce qui est surprenant, encore d'actualité.

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  3. Il faudrait vraiment que je le lise, ne serait-ce que pour ma culture générale! ^^

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    1. Il apporte beaucoup de choses et même si je n'ai pas tout aimé dans ce livre, je le recommande. Dans la littérature de l'époque, il installe avec quelques autres un genre nouveau, celui du roman épistolaire fictionnel, et son style est intéressant à lire.

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  4. Un classique je l'ai lu au Lycée.
    Et même si il n'est pas fou je n'ai pas détesté.
    Merci de ton avis.
    Bon dimanche

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    1. Je crois que je n'aurais pas eu l'envie de le lire au lycée ^^ J'ai eu la chance de pouvoir attendre la fac avant de m'y mettre vraiment Et au final, ce n'était pas si mal même si ça n'a pas été une excellente lecture non plus.
      Bon dimanche :)

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