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Le Cycle d'Avalon : Les Dames du lac tome 1, Marion Zimmer Bradley

La légende du Roi Arthur et des Chevaliers de la Table Ronde n'avait, depuis longtemps,

 inspiré un roman d'une telle envergure, d'un pareil souffle. Merlin l'Enchanteur, Arthur et

 son invincible épée Excalibur, Lancelot du Lac et ses vaillants compagnons, tous sont

 présents mais ce sont ici les femmes, exceptionnellement attachantes, qui tiennent

 les premiers rôles : Viviane, la Dame du Lac, grande prêtresse d'Avalon, Ygerne, duchesse

 de Cornouailles et mère d'Arthur, son épouse Guenièvre, Morgane la Fée, soeur et amante du

 grand roi...

AVIS 

« Une histoire véridique n'existe pas. La vérité a plusieurs visages. [...] elle

 dépend de notre volonté, de nos pensées, du but vers lequel nous tendons, de

 celui où l'on finit par arriver. »

Il est vrai qu'avant mes études universitaires, je ne m'étais jamais réellement intéressée ni aux légendes arthuriennes ni à la littérature médiévale. Avoir vu plusieurs fois le disney Merlin l'enchanteur ne constitue pas une bonne culture dans le domaine. Ce n'est même qu'après mes vingt ans que je me suis intéressée à la série d'Alexandre Astier Kaamelott que maintenant j'adore (en grosse attente de la suite cinématographique !) Donc grâce à mes cours, je me suis rendue compte que le Moyen-Âge revêtait une fausse image, « le temps des ténèbres » comme le représente les siècles suivants, et qu'il était beaucoup plus vaste et complexe qu'il peut en avoir l'air. Dire que le Moyen-Âge était complètement en dehors de toute prétention artistique et littéraire est évidemment faux. Cette période s'étendant sur dix siècles, il est assez compliqué d'y croire encore lorsque l'on se penche sur le sujet. La matière bretonne, comprenant l'ensemble des textes médiévaux autour des légendes de la Grande Bretagne et de la Bretagne, est vaste, offre une multitude d'histoires et de contes, et s'impose finalement comme une figure d'autorité au même plan que les grands auteurs et ouvrages de la littérature française depuis l'Antiquité. 

Les légendes arthuriennes sont multiples et ont influencé divers auteurs et artistes. Le roi Arthur, les chevaliers de la Table Ronde, Excalibur, Merlin, Camelott,... chacun de ces personnages ou aspects de ces légendes parlent dans l'imaginaire de chacun d'entre nous. Certains auteurs se sont alors essayés à des adaptations, des réécritures, s'appropriant cette matière de Bretagne et en apportant un nouveau point de vue sur ces légendes. Et c'est bien ce qu'a fait Marie Zimmer Bradley. Cette auteure de fantasy a recrée le contexte de la légende arthurienne au sein d'une saga en s'appuyant de manière originale et novatrice sur les personnages féminins de ces histoires. Alors qu'au Moyen-Âge, Chrétien de Troyes, auteur de Perceval ou le Conte du Graal, ou encore d'autres poètes et littéraires ayant laissé à l'histoire La Quête du Saint Graal ou encore Le Haut Livre du Graal, ne se sont intéressés qu'à représenter le bien et le mal à travers les chevaliers de la Table en Ronde toujours en quête du Graal, ce dernier leur promettant vie éternelle et salut, Marie Zimmer Bradley propose d'offrir une voix à d'autres protagonistes trop méconnus tels que Guenièvre, la femme d'Arthur mais aussi surtout Ygerne, la mère du roi, ou encore Morgane, la demi-sœur de celui-ci. Ces deux dernières femmes qui, comme leurs sœurs Viviane et Morgause, sont porteuses de magie, pratique païenne en opposition avec la religion chrétienne promulguée par les seigneurs et roi de Bretagne.

« En ce temps là, en effet, les routes conduisant d'un monde à l'autre se

 croisaient dans les brumes et pouvaient s'entrouvrir au gré des pensées et

 des désirs de chacun. »

Le lecteur débute sa lecture en faisant la rencontre d'Ygerne, femme de Gorlois, duc de Cornouailles, et prise entre deux feux. Viviane et Merlin lui ont appris sa destinée, celle d'enfanter le prochain roi de Bretagne. Seulement, ce fils ne sera pas l'enfant de son mari, comme Morgane, mais d'Uther Pendragon, le premier en lice pour être le prochain roi de Bretagne. Ygerne va-telle s'opposer à cet avenir ou va-t-elle céder aux forces du destin ? Quelques années après ce choix cornélien et certaines de ses conséquences, Morgane est envoyée chez les dames du lac afin de parfaire son apprentissage et de la destiner à devenir prêtresse de la déesse. Morgane, séduisante et douce, va rapidement comprendre qu'elle ne peut aller à l'encontre de ce qu'il lui ait destiné même si cela doit la mener à sa propre perte. On découvre plus tard également Guenièvre qui, sortie du couvent, se voit prendre place auprès de son nouveau mari, le roi Arthur. Seulement, sa vie sera loin d'être un conte de fée, avec son déchirement entre sa pureté et l'amour pour Lancelot qui l'assaille, et une révélation sur Arthur et Morgane qui va changer leur avenir à jamais.

« - Un dieu d'amour ? Lui qui a déclaré la guerre à toutes les divinités, lui qui a

 tenté de massacrer tous ceux qui ne croient pas en lui ? Puisse le sort nous épargner

 un tel amour ! » 

Ce premier tome se propose de narrer l'histoire de ces différents personnages au sein d'un contexte spacio-temporel plutôt long. D'enfants, ils deviennent adultes et doivent faire des choix cruciaux pour tenter d'être le plus juste et le plus preux. Ces différentes aventures sont en soi intéressantes, et l'opposition constante entre les anciens cultes païens et la nouvelle religion chrétienne est très bien exploitée, seulement, j'ai bien failli abandonner ma lecture à plusieurs reprises. Oui le fond est très intéressant, mais la forme ne m'a pas du tout convenue. Ce qui m'a ennuyé : les descriptions continuelles, le style lourd et mou, le manque cruel de dynamisme,... Franchement, j'avais réellement envie quelques fois de secouer l'auteure de mes mains pour que ça avance enfin. Je connaissais et appréciais déjà la majorité des personnages, et heureusement ! Parce que si ça avait été l'inverse, je pense que je n'en aurais rien eu à faire. Certains, et surtout certaines, se démarquent, comme Morgane, mais j'ai trouvé le tout beaucoup trop impersonnelle et stoïque. Je ne recommande pas de fuir face à ce roman parce qu'il possède plein de bons points. Ceux qui aiment ces histoire seront sûrement ravis de découvrir cette réécriture. Seulement, je n'ai pas réussi, même au fil du temps, à me faire à l'écriture de l'auteure. C'est donc déçue que je ressors de cette lecture et sans réellement d'envie de lire la suite. 

« - Si les chrétiens refusent de croire qu'il y a plusieurs vies, protesta Ygerne

 incrédule, comment peuvent-ils échapper au désespoir? Quel dieu juste accepterait

 de créer certains hommes heureux et d'autres malheureux sans leur donner au

 moins l'espoir d'une seconde et meilleure destinée? »

CONCLUSION

Alors que j'adore les légendes arthuriennes et qu'il me tardait
 de découvrir cette adaptation, j'en ressors déçue. Le fond m'a
 plu mais le style lourd et sans aucun dynamisme ne m'a pas du
 tout convaincue.