samedi 20 février 2016

Corniche Kennedy
Le temps d'un été, quelques adolescents désœuvrés défient les lois de la
gravitation en plongeant le long de la corniche Kennedy. Derrière ses
jumelles, un commissaire, chargé de la surveillance de cette zone du
littoral, les observe. Entre tolérance zéro et goût de l'interdit, les
choses vont s'envenimer...




AVIS


"ils mélangent leurs présences physiques et aléatoires, entremêlent leur force,
 s'agencent et se combinent sans même se toucher ; sont comme les fauves qui se
 cherchent dans le bruissement des clairières tropicales : leurs corps sont leur
 messager, leurs mouvements leur porte-parole." 


Après mon coup de cœur de l'été pour Réparer les vivants, je me suis dit qu'il serait plaisant de découvrir davantage l'auteur avec en premier lieu ce livre-ci. Et si les premières pages ont été un peu laborieuses par l'originalité de l'écriture, j'ai ensuite été complètement charmée une nouvelle fois par e style de l'auteur, la poésie de ces phrases, et de cette histoire où ressort beaucoup d'humanité.
L'été, une bande d'adolescents aime prendre des risques et se sentir invincibles en sautant de la Corniche Kennedy. Seulement, ce coin interdit pour ses sauts est surveillé notamment par Sylvestre Opéra, qui au départ se montre plutôt passif mais qui va bientôt déclarer une bataille entre ces jeunes et les forces de police. Les jeunes veulent vivre, leurs adversaires ne veulent pas qu'ils meurent. Avec ce livre, on découvre le désir d'interdit et de liberté de jeunes gens qui n'ont, pour la majorité, peu de structure familiale. Mais l'auteur ne fait pas l'erreur de nous présenter uniquement des personnages défavorisés, ce qui pourrait pour certains lecteurs expliquaient sans doute leurs agissements. Dans ce groupe, il y a aussi Eddy, le chef de la bande, qui ne manque pas de grand chose mais doit faire face à des problèmes familiaux, et la nouvelle, Suzanne, issue des beaux quartiers. Tous ensemble, ils vont tout faire pour réussir à faire entendre leur voix et leur envie de liberté et d'être débarrassés de leur environnement incomplet. 


"se mettre en danger sans même y penser, ne voir
dans toute prise de risque que la promesse d'une
intensité nouvelle, vivre plus fort, rien d'autre."
 


La première partie ne manque de rien pour moi. L'auteur présente la bande, mettant en avant Eddy, Suzanne et Mario, gamin de treize ans avec un père en prison et une femme fatiguée. J'ai été transportée par la beauté des mots qui s'alternent et qui nous plonge dans une histoire pas des plus palpitantes mais qui en fait ressortir, comme dans Réparer les vivants, l'humain. La deuxième partie du livre m'a un peu moins plu, passant à quelque chose de complètement différent et que j'ai trouvé parfois brouillon. Cette partie entre les forces de l'ordre et les adolescents reste néanmoins intéressante à lire. Mais j'aurais peut-être préféré qu'on reste dans ce lieu de danger et de beauté, la Corniche Kennedy. 


"Ils prennent leur respiration, décomptent les secondes, trois, deux,
un... go !, se précipitent alors dans le ciel, dans la mer, dans toutes
les profondeurs possibles, et quand ils sont dans l'air, hurlent ensemble,
un même cri, accueillis soudain plus vivants et plus vaste que le monde."




CONCLUSION
Un livre qui ne regorge pas d'action mais qui par le style
original de l'auteur nous fait passer un bon moment et
arrive à nous faire ressentir les émotions de ses
personnages.




AUTRE AVIS SUR CET AUTEUR
http://entournantlespages.blogspot.fr/2015/08/reparer-les-vivants-maylis-de-kerangal.html

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