lundi 1 février 2016

Les Mots
 
Jean-Paul Sartre
Foio
1995
1ère édition : 1964
210 pages
Classique, Autobiographie


"J'ai commencé ma vie comme je la finirai sans doute: au milieu des livres. Dans le bureau de mon grand-père, il y en avait partout; défense était de les faire épousseter sauf une fois l'an, avant la rentrée d'octobre. Je ne savais pas encore lire que, déjà, je les révérais, ces pierres levées : droites ou penchées, serrées comme des briques sur les rayons de la bibliothèque ou noblement espacées en allées de menhirs, je sentais que la prospérité de notre famille en dépendait..."

Enfant solitaire et imaginatif élevé parmi les adultes, Sartre raconte sa découverte de la lecture et de l’écriture.






"Ce père n’est pas même une ombre, pas même un regard : nous avons pesé
 quelque temps, lui et moi, sur la même terre, voilà tout. Plutôt que le fils d’un mort,
 on m’a fait entendre que j’étais l’enfant du miracle. De là vient, sans aucun doute,
 mon incroyable légèreté.
 [...] De ma vie je n’ai donné d’ordre sans rire, sans faire rire ; c’est que je ne suis
 pas rongé par le chancre du pouvoir : on ne m’a pas appris l’obéissance."
 
 
Cela faisait longtemps que je voulais découvrir Sartre sans jamais sauter le pas. Alors que je pensais lire comme première oeuvre sa pièce de théâtre Huit-clos, j'ai dû lire ce roman autobiographique pour un cours. Et même si j'aurais peut-être dû découvrir en premier une oeuvre moins centrée sur sa vie, ne connaissant absolument pas son travail, je suis ravie d'avoir lu ce livre. Je suis tombée amoureuse de ses phrases, de ses mots. D'ailleurs, ça a été difficile de faire un choix dans les citations tellement j'ai aimé de passage dans ce livre. Et si j'ai aimé l'écriture, j'ai également grandement aimé l'homme qu'il nous est peint, un enfant intelligent recherchant souvent un public (sa famille et leur entourage) qui ne pourrait pas l'oublier ou le percevoir comme dispensable. 


"Terroriste, je ne visais que leur être : je le constituerais par le langage ; rhétoricien,
 je n’aimais que les mots : je dresserais des cathédrales de paroles sous l’œil bleu
 du mot ciel. Je bâtirais pour des millénaires." 
 
 
Jean-Paul Sartre nous raconte ici son rapport tenu et passionnel avec la lecture puis l'écriture de ses quatre à onze ans. Une des passions qui va influencer sa vie, son caractère, son lien avec certains membres de sa famille,etc... J'ai apprécié suivre l'évolution de cet enfant qui nous raconte ses origines familiales bourgeoises, la création de son monde imaginaire, ses impostures, sa folie, etc... Tous ces caractéristiques qui vont jouer sur son écriture et sur son développement personnel. 
 
J'ai parfois ressentie quelques longueurs, particulièrement lorsqu'il énonce l'histoire de ses œuvres d'enfant, mais j'ai été convaincue par la majorité du texte, qui se montre riche et très intéressant pour les passionnés de lecture et de littérature. Aucun doute possible, je compte bien m'épancher davantage sur la bibliographie de cet auteur, notamment avec Les Chemins de la liberté et Huit-clos. 


"Écrire, ce fut longtemps demander à la Mort, à la Religion sous un masque,
 d’arracher ma vie au hasard. Je fus d’Église. Militant, je voulus me sauver
 par les œuvres ; mystique, je tentai de dévoiler le silence de l’être par un
 bruissement contrarié de mots et, surtout, je confondis les choses avec
 leurs noms : c’est croire."



CONCLUSION
Un récit autobiographique très intéressant avec une écriture
 magnifique où on en demande toujours plus et un rapport à la
 lecture et à l'écriture fascinant à lire et découvrir.
19/20

2 commentaires:

  1. Je me rappelle l'avoir lu il y a quelques années, mais je te conseille vraiment Huis Clos que je viens justement de lire pour les cours! :)

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