mercredi 4 novembre 2015

Les souterrains
 
Jack Kerouac
Folio
Avril 2012
1ère édition : Novembre 1985
177 pages
Contemporain




 
Une brève et triste histoire d'amour : Mardou, une petite Noire, traîne à San Fransisco avec les beatniks. Elle aime Léo Percepied, un ancien matelot, qui ne lui adresse que des rebuffades : celui-ci voudrait être admis dans la bande des "Souterrains", qui mènent la nuit une vie folle et sauvage, mais c'est en vain. L'idylle sordide et magnifique de Mardou et Léo se déroule dans un univers de beuveries, de querelles et parfois d'extase.






 
"Mais je ne peux pas dans cette confession trahir le plus intime, les cuisses, ce
 que les cuisses renferment - et pourtant pourquoi écrire ? - les cuisses contiennent
 l'essence - et pourtant c'est là que je devrais rester, et de là je suis venu et un jour
 retournerai, pourtant il faut que je file construire, construire - pour rien -
 pour des poèmes de Baudelaire -"
 
 
Ce livre a été très dur à appréhender. Je l'ai d'abord abandonner au bout d'une vingtaine de pages. Alors oui, le style d'écriture est assez singulier, ça c'est sûr. Je me suis dit que je n'y arriverai pas et j'ai donc décidé de ne jamais le lire. Mais deux semaines plus tard, je me suis dis que je ne pouvais pas abandonner aussi facilement et j'ai décidé de le lire à voix haute, et surprise, j'ai beaucoup apprécier ce livre. En l'appréhendant d'une manière différente, j'ai réussi à aimer l'histoire et aussi le style de l'auteur qui m'a paru au départ trop compliqué.

Léo voudrait faire parti de Souterrains, un groupe hipster des années 50, et va les suivre dans leurs fêtes et leurs beuveries, sans jamais réussir à faire parti de ce groupe. Néanmoins il va réussir à séduire Mardou, une jeune femme noire faisant partie des Souterrains. Ils vont alors vivre une histoire d'amour entre drogue, soirées alcoolisées et conflits. Léo va souvent la délaisser pour ensuite s'apercevoir qu'il la veut pour lui tout seul. Il est partagé entre son envie d'elle mais aussi sa peur pour cette "chose noire" étant encore dans une société ou la ségrégation fait rage aux États-Unis.

Mais si l'importance du roman est la relation entre Leo et Mardou (qui renvoie à la vraie relation entre Kerouac et Alene Lee), le titre renvoie au décalage entre lui, hipster hot (extravagant) et l'autre groupe, hipster cool (détaché, plus cynique). Et même s'ils devraient faire partie de la même contre-culture, ils seront en perpétuel décalage, n'ayant pas les mêmes conceptions, notamment au sujet de la beat génération (beatniks) qui pour les Souterrains est l'image d'une génération perdue dans la société américaine et de consommation, et celle de Kerouac et donc de Leo qui est celle de la béatitude avec des références bouddhistes.

Je reviens sur le style de Kerouac qui peut être difficile à appréhender. L'auteur laisse place grâce à son écriture à l'idée du temps qui file, à une spontanéité de la pensée, de ses angoisses. Ce qu'il fait << c'est partir en flèche sur de grands paragraphes à propos de détails mineurs qui vous concernent, alors que les grands détails de l'âme concernant les autres restent en plan à attendre >>. C'est pour cela que pour moi, ça a été plus facile de le lire à voix haute, ayant l'impression que l'auteur crée des phrases qu'il ne faut pas seulement lire mais dire, exprimer. 


"Pourquoi voudrait-on meurtrir mon petit coeur, mes pieds, mes petites mains,
 ma peau dans laquelle je suis enveloppée parce que Dieu veut que j'aie chaud et
 que je sois Dedans, mes orteils - pourquoi Dieu a-t-il fait tout ça si pourrissable
 et périssable et meurtrissable et veut-il que je me rende compte et que je hurle -
 pourquoi la terre sauvage et les corps dénudés et ce qui se casse - je tremblais
 quand le donneur crémait, quand mon père criait, ma mère rêvait - j'ai
 commencé petite et emmaillotée et maintenant je suis grande et redevenue une
 enfant nue mais seulement pour pleurer et avoir peur."
 
 
CONCLUSION
Une oeuvre complexe par son style d'écriture mais qui raconte
 la vie de la génération des beatniks, une génération de la
 contre-culture américaine dans les années 50, et d'une histoire
 d'amour entre deux marginaux, un pour son identité canuck
 (canadien vivant aux États-Unis), et une pour être noire.
15/20
94/100

2 commentaires:

  1. Kerouac a un style particulier...Ayant adoré "sur la route", j'avais essayé "Les tentations de Cody" que j'ai trouvé trop trash et j'ai abandonné...Vais-je faire comme toi ?

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. J'ai eu beaucoup de mal au début, c'est vrai. Son style est complexe à appréhender mais quand on est dedans, ça devient très intéressant. Je pense lire Sur la route, mais je ne connais pas du tout Les tentations de Cody, je vais aller voir si ça pourrait m"intéresser.

      Supprimer