mercredi 23 mars 2016

La Douce
"Figurez-vous un mari dont la femme, une suicidée qui s'est jetée par la
fenêtre il y a quelques heures, gît devant lui sur une table. Il est bouleversé
et n'a pas encore eu le temps de rassembler ses pensées. Il marche de
pièce en pièce et tente de donner un sens à ce qui vient de se produire."
Dostoïevski lui-même définit ainsi ce conte dont la violence imprécatoire est
emblématique de son oeuvre. Les interrogations et les tergiversations du
mari, ancien officier congédié de l'armée, usurier hypocondriaque,
retrouvent ici une force peu commune.




AVIS


"certaines idées, dès lors qu'on les prononce, si on les dit avec des
mots, ça fait d'une bêtise terrible. Ça fait qu'on en rougit soi-même. Et
pourquoi ? Pour rien. Parce que nous sommes tous de la saleté, que
nous ne supportons pas la vérité, ou je ne sais pas pourquoi."


Après l'excellente découverte des Carnets du sous-sol, j'ai souhaité approfondir mon expérience avec cet auteur. Alors que le premier volume de Crime et châtiment m'attends gentiment dans ma bibliothèque, j'ai voulu y aller en douceur, préférant pour le moment des nouvelles, dont La Douce. La Douce n'a fait qu'amplifier mon appétit littéraire pour Dostoïevski et la littérature russe que je connais encore trop peu. À la lecture de cette nouvelle, j'ai retrouvé les mêmes impressions et sentiments que j'avais eu pour Les Carnets du sous-sol. Un monologue captivant, des émotions profondes, un ton tranchant et un style envoûtant, voilà ce que vous réserve les oeuvres de Dostoïevski.

Un homme, prêteur sur gages, va nous raconter par un long monologue, l'événement tragique qui l'assaille depuis le début de cette journée : le suicide de sa femme. Il arrive à comprendre son geste sans l'accepter. Il n'arrive qu'à remettre l'entière faute sur ses épaules à elle, en jurant à son public imaginaire qu'il l'a toujours aimé mais que malheureusement ces deux êtres n'étaient peut-être pas faits pour être liés. Dès le début, nous connaissons la fin de l'histoire, ce qui n'empêche pas de rester accroché au récit grâce au style de Dostoïeveski qui parvient à attirer et accrocher son lecteur dès les premières phrases pour le relâcher qu'à la dernière ligne. Au lieu d'actions, il nous présente la psychologie de ces deux personnages, leur union. Une vie de couple faite d'une multitude de silence, de froideur, de peur, de haine pour l'une et d'amour pour l'autre.

Ce monologue intérieur recèle une profonde humanité, un langage parfaitement retranscrit et stylisé. C'est un classique, comme tant d'autres, intéressant à lire, nullement ennuyant et soporifique. L'intemporalité de ce texte, comme d'autres nombreux de cet auteur, est réellement présente et produit une fascination encore aujourd'hui pour Dostoïevski et pour ses œuvres. Je pense maintenant que je ne vais pas attendre longtemps avant de commencer Crime et châtiment, un des livres les plus reconnus de cet auteur avec Le Joueur et L'Idiot.
 


"Car pourquoi est-elle morte ? La question est toujours là. La question me
vrille. Elle me vrille le cerveau. Je l'aurais bien laissée comme ça."



CONCLUSION
J'ai été encore une fois envoûtée par l'écriture et le style de
 Dostoïevski et par l'évolution des relations entre ces deux
 personnages différents qui forment un couple dysfonctionnelle.



AUTRES AVIS SUR CET AUTEUR
http://entournantlespages.blogspot.fr/2015/10/les-carnets-du-sous-sol-fedor.html     http://entournantlespages.blogspot.fr/2016/07/crime-et-chatiment-volume-1-saint.html

4 commentaires:

  1. J'ai lu Crime et châtiment, mais pourras ce récit-là, et ta chronique me donne bien envie !

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    1. Crime et châtiment attend impatiemment dans ma bibliothèque que je le lise enfin, mais j'ai voulu y aller petit à petit en lisant des lires de cet auteur plus court. Et c'est vrai qu'avec cette nouvelle, je ne suis absolument pas déçue. Le talent de Dostoïevski y est bien retranscrit.

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  2. J'adore Dostoievski! Tu as bien fait de commencé avec des romans plus cours que Crime et Châtiment, histoire de faire connaissance avec l'auteur. Je suis contente de voir que tu apprécies!

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    1. Je pense que je vais bientôt commencer Crime et châtiment, je pense ne plus avoir peur d'être déçue, je suis complètement conquise par le style de Dostoïevski !

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